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A vendre aux enchères le 7 décembre à l'usine Renault de Flins
Lot N°66
1983 Renault Maxi 5 Turbo Prototype De Développement B0
Estimation 80000 - 120000… €
SANS RÉSERVE
Prototype Sans titre de circulation
- Prototype mis au point par Jean Ragnotti
- Un maillon essentiel de l’histoire de la R5 Turbo de compétition
- Equipée de pièces rarissimes et introuvables
- Fabuleux projet de restauration
- Sans réserve
-- Genèse Des Maxi 5 Turbo :
La première R5 Turbo usine en 1980 fut le modèle Groupe 4. En 1983, l’avènement du Groupe B allait donner une série limitée de 20 exemplaires, la fameuse « Tour de Corse ». Celle-ci, du fait de la réglementation, avait des pneus arrière plus étroits, compromettant la stabilité de l’auto selon Jean Ragnotti lui-même. En 1983, Patrick Landon, le patron du service rallye de Renault, donnait son accord pour travailler sur une évolution ultime de la petite bombe de la Régie : celle qui allait se nommer la Maxi 5 Turbo. Le but était de retrouver des pneus arrière plus larges, mais aussi d’équiper l’auto des dernières évolutions technologiques dont celle du DPV issue de la Formule 1.
Pour cela, une série limitée de 200 R5 Turbo 2 « type 8221 » fut fabriquée afin de pouvoir homologuer 20 exemplaires de la Maxi 5 avec une légère augmentation de la cylindrée, car les 1527cc de la Maxi (au lieu des 1397 des autres R5 T) allait permettre d’avoir des jantes de 11 pouces et ½ à l’arrière.
Fin 1984, le prototype Maxi jaune et noir allait être piloté en ouverture du Rallye du Var par Alain Serpaggi. Dans la foulée, en février 1985 sont présentés à la FFSA à Dieppe les 20 exemplaires nécessaires à l’homologation… dont 10 seront ensuite immédiatement démontés ! En effet, le Service Rallye n’avait pas assez de moyens pour monter 20 voitures, et assurer l’après-vente à tous les clients. Seules 10 seront immatriculées, 3 seront livrées en kit à Carlos Sainz, Renault Chartres et le service compétition Renault d’Antony, et 7 seront « déplaquées » : leurs plaques d’identification retirées pour alimenter le stock de pièces de rechange, ce qui explique qu’il y a plus de Maxi existantes actuellement que celles qui ont été montées à l’époque !
Les débuts de la Maxi se feront au Critérium de Touraine les 8 au 10 mars 1985. La victoire de Jean Ragnotti, le pilote officiel, au Tour de Corse en mai, devant les 205 T16, Manta 400, Audi Quattro, et Porsche allait donner la plus belle victoire à cette 2 roues motrices qui marquera durablement les esprits par sa puissance et sa brutalité, menée par des pilotes de talent comme Jean Ragnotti, Didier Auriol, François Chatriot et Philippe Touren en France, Carlos Sainz en Espagne.
La fin du groupe B pour la saison 1987 allait interdire à la Maxi les épreuves internationales, mais de brillants amateurs comme de Meyer, Thomasse, Roussel, Mathon vont montrer au public les qualités de cette Renault 5 Turbo « ultime ».
-- La Maxi 5 de la vente :
La présence chez Renault the Originals Museum de 3 « Maxi » ont permis d’intéressantes comparaisons avec la voiture de la vente :
- Le prototype « jaune et noir », présenté en septembre 1984 et utilisé par Alain Serpaggi en ouvreur du Rallye du Var, dépourvu de numéro de série et de plaques d’identification ;
- La Maxi « Philips » de Jean Ragnotti, numéro d’immatriculation 9489 YB 91, série 702 avec ses authentiques plaques d’identification, nommée C2 chez Renault Sport ;
- La Maxi « Diac » de François Chatriot, série 705, la vraie Diac de la saison 1985 et 1986 et munie de ses authentiques plaques d’identification (une Maxi se prétendant 705 se trouvant outre-quiévrain).
Notons que le service course d’Antony possédait 3 Maxi immatriculées et toutes en décoration Philips, et comme toutes les voitures de courses, les intervenants de l’époque le reconnaissant d’ailleurs très aisément, les identités pouvaient varier de l’une à l’autre selon l’épreuve et le niveau de préparation de chaque voiture !
Quelle est donc cette Maxi proposée ici, démunie de plaques d’identification et de titre de circulation ? Elle a été versée au Patrimoine Renault en 1990 avec le nom « Maquette 3 », mais est-ce une simple maquette de salon ?
Non, car cette voiture a roulé, elle a bien 7000 km au compteur, et elle a porté des plaques d’identification dont il reste les trous de perçage sur le passage de roue avant droit.
Elle se présente sur ses roues sans mécanique, sans réservoirs, en carrosserie polyester, kevlar et aluminium de Maxi 5 Turbo, décoration Philips, jantes magnésium en 15 et 16, trains roulants avec combinés ressort-amortisseur sans barre anti-roulis, faisceau électrique compétition, habitacle quasi complet (arceau multipoints aluminium, sièges, capot moteur avec emplacement de la roue de secours, tableau de bord complet avec manomètre de pression turbo, sauf l’ordinateur du copilote, frein à main hydraulique et répartiteur de frein), coffre avant vide à l’exception de la direction et du coupe-circuit « usine » déjà utilisé sur les berlinettes du championnat du Monde 1973 !
4 étriers de freins « usine » sont fournis avec l’auto.
Après une inspection minutieuse de cette Maxi, et en comparant la voiture avec les autres Maxi de la collection Renault nous pouvons tirer les conclusions suivantes :
Il s’agit non pas d’une caisse de Maxi mais bien d’une caisse de Tour de Corse, modifiée en Maxi :
- Primo, elle a eu un turbo à droite coté chapelle d’amortisseur comme une TdC, la trace d’un échauffement le démontre d’ailleurs, alors que le turbo des maxi n’est pas à cet endroit ;
- Secundo, sa paroi pare-feu intérieure possède trois trappes, alors que les Maxi n’en n’ont que deux car le turbo est déplacé derrière le copilote ;
- Tertio, sa direction est celle d’une R5 Turbo Tour de Corse, et pas celle d’une Maxi et la trace des raidisseurs sur la barre anti-roulis est celle des modèles TdC et non pas de Maxi ;
- Quarto, son arceau en aluminium n’est pas un Matter, mais un modèle de marque Ruby propre aux Tour de Corse, les Maxi ayant toutes reçu des Matter.
Sa barre anti-rapprochement arrière (qui est absente) n’était pas celle de Maxi, mais des premières TdC : on peut le constater grâce aux fixations de celle-ci.
En revanche, on trouve de nombreux éléments qui sont similaires à une Maxi :
La voiture a été équipée d’un moteur complet de Maxi, il reste notamment le réservoir de l’injection d’eau sur l’arrière gauche et le tube de sortie d’échappement devant la roue arrière droite, démontrant qu’un turbo de Maxi y a été installé.
La platine de fixation du gros filtre à air origine camion Renault, est toujours présente sur la jupe arrière. On peut aussi noter qu’il reste deux radiateurs d’huile à droite et a gauche dans les ailes ;
Elle est bien équipée d’un remplissage d’essence sur l’aile gauche, avec un petit bouchon type aviation de marque Lebozec.
Elle a actuellement le système d’essuie-glace classique des R5 T et que l’on trouve sur certaines Maxi, mais on peut aussi voir des orifices bouchés démontrant que le système d’essuie-glace Marchal spécifique des Maxi y a été installé.
Concernant le train arrière, il s’agit d’un modèle de Maxi avec une fixation particulière des triangles inférieurs sur les longerons. Cela nous a été confirmé par F. Bernard.
Le train avant est très intéressant : on peut y voir des porte-moyeux mécano-soudés très proches de ceux d’une Maxi, mais différents toutefois. Ce ne sont pas bien sûr des porte-moyeux de Tour de Corse, ces derniers étant en métal coulé.
Les passages de roues avant sont en polyester et de type Maxi.
La barre anti-rapprochement avant est identique à celle des Maxi, alors que les Tour de Corse en avait deux et de plus petit diamètre, en outre, le caisson spécifique à la Maxi en trapèze entre les deux cotés de la caisse derrière l’essieu est bien présent.
Le passage des cardans (qui sont absents) dans le châssis à l’arrière, a été travaillé comme sur les Maxi en faisant une « encoche » pour améliorer leur débattement et on trouve le petit tirant tubulaire entre le longeron et la chapelle d’amortisseur de Maxi, différent du renfort des TdC.
Bien entendu, le pavillon ainsi que les portes en aluminium, le pédalier avec deux maîtres-cylindres de freins. Tous les éléments de carrosserie sont ceux d’une vraie Maxi, avec notamment les attaches capot arrière très spécifiques.
A noter qu’elle n’a pas de trappe de toit comme certaines Maxi.
A ce stade des investigations, il semblait très vraisemblable que cette Maxi était en réalité un proto de développement de la Maxi 5 Turbo. Cette opinion a été confortée par les souvenirs précis de François Bernard, l’ingénieur châssis, sur l’élaboration de cette voiture. Courant 1983 il avait été décidé de développer une R5 Turbo en 4 roues motrices, pour remplacer la Tour de Corse. Elle devait emprunter de nombreuses technologies à la F1 pour le moteur, et le projet s’appelait alors NG (nouvelle génération). Les choix mécaniques portaient sur l’installation de DPV, d’injection d’eau, pompe Kugelfischer, mais vu le coût d’homologation d’une 4 roues motrices, la direction de Renault s’orienta vers une 2 roues motrices qui devait être la plus rapide jamais fabriquée. Nous avons ainsi l’explication de ces surprenants porte-fusées avant : ceux-ci étaient prévus pour recevoir en leur centre les cardans du pont avant de la 4 roues motrices !
L’été 1983, un moteur prototype de la future Maxi fut monté dans une Tour de Corse de couleur blanche. Les premiers essais avec Jean Ragnotti eurent lieu à Malaucène dans le Vaucluse, en novembre 1983, puis au Luc en Provence. Le moteur était encore un 1397cc. Ce proto avait bien un arceau Ruby et pas Matter, et il a connu les évolutions mécaniques prescrites par l’ingénieur moteur, Philippe Coblence, ainsi que l’ingénieur châssis. Rapidement, cette TdC/Maxi a été appelée B Zéro mais elle est restée blanche. En outre, F. Bernard nous a confirmé que celle-ci avait bien une direction de Tour de Corse et pas de Maxi, le prototype jaune et noir étant la première à recevoir cette direction très spéciale et ressemblant à celle d’une monoplace. A l’apparition de la « jaune et noir » à l’automne 1984, le proto B0 qui avait reçu progressivement des éléments de carrosserie typiques de la Maxi au cours de son existence, servait encore occasionnellement avant de rentrer en sommeil en étant probablement stocké dans le 3eme hangar de Renault Sport Antony. En 1990, c’est ce prototype qui aurait donc été transmis au Patrimoine Renault comme maquette et c’est probablement à ce moment-là qu’il a été repeint, de blanc à l’origine, en bleu et rouge « Philips » comme copie de la Maxi C2 qui avait gagné le Tour de Corse 1985, sans chercher d’ailleurs à faire des marouflages sur les trains roulants et coffre avant !
Il apparait donc comme quasiment certain que la voiture présentée est bien le prototype B0 qui a servi de 1983 à 1984 à la mise au point par Jean Ragnotti de la Maxi 5 Turbo définitive. Partant d’une caisse de Tour de Corse qui avait déjà eu une vie antérieure, l’équipe de Renault Sport a mis au point toutes les spécificités de châssis et de mécanique de la mythique Maxi sur celle-ci, a l’exception de la direction. Avec sa décoration Philips, ce proto que l’on peut appeler « ex-Ragnotti » car sa mise au point a été faite par le célèbre et très populaire pilote français, est un maillon essentiel de l’histoire de la R5 Turbo de compétition, car elle représente le passage de témoin entre la TdC (20 exemplaires) et la Maxi (10 exemplaires). Avec ses nombreuses pièces très rares, elle mériterait de retrouver une mécanique complète et de connaitre à nouveau l’ivresse de l’asphalte !
Gilles Vallerian
Expert auprès de la Chambre Nationale des Experts Spécialisés
--- A vendre aux enchères le 7 décembre à l'usine Renault de Flins
The Renault Icons, une vente aux enchères inédite et exceptionnelle qui se tiendra le 7 décembre 2025 au cœur du site emblématique de l’usine Renault de Flins-sur-Seine, à 40 kilomètres de Paris et qui sera aussi le lieu du futur musée des collections Renault.
Exposition
4 décembre 2025, de 11h à 18h
5 décembre 2025, de 11h à 18h
6 décembre 2025, de 10h à 19h
7 décembre 2025, de 11h à 12h
Usine Renault de Flins
Boulevard Pierre Lefaucheux - 78415 Aubergenville
Commissaire-priseur
Anne-Claire MANDINE
Tél. +33 1 42 99 20 73
motorcars@artcurial.com
Contacts
Sophie PEYRACHE
Administrateur des ventes
Tél. +33 1 42 99 20 41
renaulticons@artcurial.com
Ordres d’achat & Enchères par téléphone
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